La chasse au traitre

Deuxième jour dans la Comté, Ceoniswith était tombée rapidement sous le charme de ce décor paisible, et la région trouvait à ses yeux un attrait particulier pour une raison mystérieuse dont elle avait fait son secret.

Alors que l'Eored s'apprêtait à dîner, l'Otherane signifia qu'il faudrait manger en vitesse car des tâches importantes attendaient les rohirrim. C'est ainsi que le repas avalé en toute hâte, la jeune Thendras se retrouva dans le groupe accompagnant le Thane lui même, avec Etheliwen, Demelros et Takred. Après s'être assuré que ses soldats étaient bien en armures, il leur expliqua qu'ils partaient à la chasse aux loups. En effet, pour obtenir la confiance des petites gens qui les avaient si gentiment accueillis, la troupe avait décidé de rendre quelques menus services. Une ferme des environs ayant été attaqué, les fières lances avaient en charge de débusquer les bêtes semant le trouble et de s'assurer que la quiétude revienne. C'est ainsi que la poignée de cavaliers, sans leurs montures cependant, se mirent sur la piste des coupables à crocs. Un pauvre loup qui passait par là avant l'heure et qui eut l'idée stupide de vouloir faire de la viande humaine son souper se retrouva tranché net par l'épée de Takred puis pourfendu par la lance d'Etheliwen. Ne trouvant pas de traces menant à la tanière, le groupe se rendit à la ferme qui avait été la cible des prédateurs. Demelros se chargea de demander plus de précisions quand à l'origine des loups. Le charmant hobbit eut l'obligeance de leur indiquer que les créatures se cacheraient au nord est d'ici. Takred ouvrit la marche jusqu'à trouver des empreintes sur le sol. Les cinq soldats avancèrent silencieusement plus avant mais Demelros attira l'attention d'un des loups qui se rua sur lui et le blessa à la main. Ses compagnons lui vinrent en aide et l'animal fut terrassé. A peine les lanciers eurent ils faits quelques pas de plus que cinq loups les attaquèrent. Chaque rohir et rohiril défendit sa vie, prêtant main forte à son frère sitôt son ennemi abattu. Demelros jouant de malchance fut encore meurtri au cou et à la cuisse, la vaillante Etheliwen fut mordue à l'épaule mais les blessures de chacun ne semblaient pas particulièrement graves. En observant les lieux les membres de l'Eored présents aperçurent un renfoncement dans la roche où était couchée un loup un peu plus imposant, entouré de carcasses de poulets. Le Thane et Ceoniswith ayant approché plus vite que les autres, ils subirent l'assaut de la bête. Leurs frères en profitèrent pour l'attaquer de dos et la terrasser. Mais à peine le cadavre gisant sur le sol, ils comprirent la raison de l'attaque de la ferme et de l'agitation de la créature. Cinq louveteaux couinaient près de leur mère sans vie.

Ce spectacle déchira le cœur de la sensible Ceoni qui bien qu'ayant agi pour protéger les petites gens s'en voulut devant ces petites boules de fourrure fragiles. Takred se saisit de l'un d'entre eux et proposa de les tuer car ils n'avaient pas une chance de survivre sans la louve. Les femmes s'y opposèrent et les deux autres ne semblaient pas enchantés à cette idée non plus. Finalement il fut convenu de s'occuper des louveteaux jusqu'en Evendim où ils seraient relâchés dans les grandes étendues sauvages sans craintes qu'ils n'attaquent une autre ferme quand ils seraient grands. Takred lâcha un le louveteau qu'il voulait égorger dans les bras de la fille Thendras. A peine la petite créature dans les bras elle l'avait adopté. La serrant contre elle, la rohiril suivit le groupe jusqu'au camp, s'enquérant des blessures de Demelros qui était en plus d'un frère de lance son ami. Il reçut les soins de sa douce Ealwene, tandis que Etheliwen désinfectait seule sa blessure. Au milieu de ses compagnons une pensée insidieuse s'incrusta dans l'esprit de Ceo, et si elle pouvait garder ce petit orphelin, l'apprivoiser pour qu'il soit inoffensif. Elle se sentait si seule le soir venu dans sa petite maison des fermes. Elle fit part de ce souhait mais Etheliwen lui objecta vivement qu'un loup était un animal sauvage et qu'il était hors de question d'en garder un au sein de l'Eored. Attristée, elle savait que si elle devait s'occuper de l'animal même seulement quelques jours elle ne parviendrait plus à l'abandonner sans en avoir le cœur brisé. La jeune femme se leva et donna son protégé à l'Otherane avant de s'éloigner vivement en sentant les larmes lui monter aux yeux. Elle lâcha pour s'expliquer que si elle ne devait pas le garder mieux valait qu'elle ne soit pas chargée de lui.

C'est auprès d'Elmod son fidèle cheval qu'elle alla trouver un peu de réconfort. Se blottissant contre l'affectueux équidé qui avait déjà été le confident de plus d'un chagrin, elle laissa couler les larmes à l'abri des regards. Après quelques instants elle fut rejointe par Ekhenor, son grand frère d'adoption qui la consolait souvent quand elle avait l'âme en peine. Ils discutèrent un peu et le Heah Cairl proposa qu'elle garde le louveteau car connaissant Ceoni mieux que quiconque parmi leurs compagnons exilés il savait que la solitude lui pesait et combien elle était sensible. Elle répondit bravement qu'elle comprenait les craintes d'Etheliwen et qu'elle se plierait aux ordres. Ne souhaitant simplement pas s'attacher à la bête elle refusait de s'en occuper pour l'abandonner ensuite. Ekhenor semblait penser qu'elle serait capable d'apprivoiser le louveteau et que si elle affirmait pouvoir le faire il la laisserait le garder car il devinait que c'était important à ses yeux. Il parlerait à l'Otherane et au Thane pour plaider la cause de la rohiril et de son protégé.

Et pourtant une dispute éclata au sein du groupement. Lyanewen et Etheliwen semblaient s'opposer au sujet du devenir des louveteaux et des ordres donnés par le Thane les concernant. Des mots durs furent lâchés et la semi elfe demanda l'autorisation de quitter la campagne. Le ton monta rapidement et Ceoniswith se sentait coupable d'avoir sans le vouloir mis le feu aux poudres de par sa réaction même si la querelle semblait avoir des racines plus profondes. Le groupe éclata, chacun s'isolant pour ruminer sa colère. Et c'est auprès d'un autre allié que la jeune femme trouva un peu d'apaisement, ceci est une toute autre histoire cependant.